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À la recherche du sens

Dernière mise à jour : 29 sept. 2020

Avec ce confinement, la question « qui suis-je ? » clignote fort. Dans un contexte totalement inédit, privé de notre travail, de nos relations sociales, familiales, et de notre liberté de circuler, nos habitudes et nos repères volent en éclat.


Une partie de « mon identité » et de « mon mode de vie » sont sur un bateau. Tous les deux tombent à l’eau … alors que reste-t-il ? L’autre partie pardi.

Mais si c’était l’occasion de me rendre compte que ni cette partie rescapée ni celle tombée à l’eau n’était vraiment… « moi » ?


Durant les premiers temps du confinement, je me suis débattue. Pour continuer à exister, à être quelqu’un, pour être fidèle à la personne que j’étais avant le confinement. En fait je me suis débattue pour maintenir mon identité, alors que je devais simplement la laisser mourir, et accueillir une transformation. Laisser mourir son identité n’est en général jamais simple, l’égo y étant identifié, on a l’impression qu’on se laisse mourir soi, ce qui génère beaucoup de résistance. Mais en observant vraiment le phénomène, et en lâchant prise (c’est-à-dire en acceptant de tout perdre potentiellement), on s’aperçoit à quel point c’était évident – ce qui ne rend pas la chose facile pour autant.


Il est important d’avoir conscience des moments où on essaie « d’être quelqu’un », car alors à coup sûr on s’est déjà éloigné de soi. Que l’on se comprenne : ce n’est pas un problème d’avoir une identité – on a même une carte spéciale pour ça ! - ce qui pose problème, c’est de croire que l’on se résume à elle, que l’on est QUE ça.


Cela m’amène à parler de la quête identitaire à laquelle tout humain est poussé dans son existence et ce, dès la petite enfance : « que veux-tu devenir plus tard ? ». Cette quête distord notre façon de nous connaître nous-mêmes.


On cherche à savoir qui l’on est au travers de notre métier, de notre position sociale, de nos relations, de nos ressources, de notre culture… si l’on voulait créer notre propre boîte pour s’enfermer dedans, on ne ferait pas mieux. Bien que cette boîte « résolve » momentanément la question « qui suis-je ? », elle finit simplement par nous restreindre et nous emprisonner dans la chose mentale.


Qui suis-je est bien plus vaste. Sans limite. On n’est pas juste ça ou ça, on est tout si on se laisse cette liberté.


L’expérience humaine alimente le besoin de trouver un ordre du monde, une grille de lecture porteuse de sens à nos yeux, qui peut s’appliquer à toutes situations et nous donner l’illusion d’un contrôle, ou tout au moins légitimer notre existence façon Descartes : « cogito ergo sum », je pense donc je suis.


Le problème avec cette grille de lecture, c’est qu’on lui donne une forme : métaphoriquement, si on la fabrique carrée, ne rentreront dedans naturellement que les choses/pensées/situations carrés. Le reste, c’est nous qui allons le tailler pour que ça s’intègre. De là vient l’expression « voir par sa lorgnette ». La forme est limitante si on s’identifie à elle, si on cherche le sens à travers elle.


Car derrière la quête identitaire se cache en réalité la quête de sens. Qui suis-je appelle vite ses comparses que fais-je ici, pourquoi suis-je sur terre.


Mais cette quête de sens se traduit trop souvent par une quête de définition. Alors du sensoriel, on passe à quelque chose de mental. Du sensible, on passe à quelque chose de rationnel. Du sens, on passe à la définition du sens.


Alors que pour véritablement expérimenter le sens, il nous faudrait être dans la présence, dans le moment présent nu, lâchant les conditionnements et les obligations, lâchant les discours, lâchant l’identité qui nous ramène à quelque chose de rigide, qui nous habille de notre costume et nous donne une liste de choses à faire et à être.


Le sens est dans le sens, pas dans la définition du sens. Le sens de la vie, c’est la vie. Partir à sa recherche avec la sagesse de ce savoir sera notre plus grande aventure : vivre, simplement.


© Carole




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