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Te protèges-tu de l'amour ?

« C’est la dernière fois qu’on me brise le cœur », « Je choisirai une personne qui ne me fera pas souffrir la prochaine fois » « C’est bon, j’ai eu ma dose de grands sentiments, c’est pas fait pour moi »


Suite à un revers sentimental, à un chagrin qui a fait beaucoup de mal, on a tendance à se refugier dans sa grotte. C’est normal. Le temps de guérir, c’est même bénéfique. Mais bien souvent, ces phrases se transforment en croyances voire en croisades, et on se retrouve avec des cœurs cadenassés, qui ont gardé la mémoire de leur souffrance traumatique, et qui se protègent.


Ils se protègent de la souffrance, du chaos, du manque, de la dépendance, de la répétition, de toutes ces émotions et ces blessures qui les ont malmenés par le passé.


Dans cette configuration, nous voulons absolument éviter les expériences suscitant trop d’intensité émotionnelle, qui est perçue comme dangereuse. Nous avons tendance à faire les choix les plus inoffensifs, pour combler avant tout notre besoin de sécurité. Nous créons notre nouvelle relation amoureuse de façon à être sûrs de ne plus souffrir.


Mais nous rendons-nous compte que ne plus souffrir, c’est aussi ne plus jouir ? Si nous excluons le bleu de notre palette de couleurs, nous pouvons aussi dire au revoir au violet et au vert.


Apprenons à ne pas ériger la souffrance comme seule échelle d’expertise de nos expériences. Il ne reste pas que cela. Même s’il est tentant de se poser en victime, nous pouvons aussi nous souvenir de ce qui a été merveilleux. Si quelqu’un nous a brisé le cœur, c’est que nous le lui avons ouvert, et nous avons ressenti cette énergie fabuleuse de l’amour. Ce courant qui nous parcourt et nous unit à l’autre, à nous-mêmes et à la vie.


En cela, le choix du cœur n’est pas le choix le plus dangereux. Certes, il peut amener à certains moments la souffrance : en s’offrant dans une relation, en se montrant vulnérable, avec nos blessures et nos croyances, on s’expose. Evidemment. On s’expose à du doux, du tendre, du bon, du bestial, du passionné, du douloureux, de l’impermanent. On s’expose à toutes les couleurs de la palette des émotions.


Le choix le plus dangereux à mes yeux, est le choix dicté par la blessure. Celui qui est très souvent inconscient, celui qui vise à ne plus revivre les affres de l’amour, celui qui refuse au cœur un pouvoir décisionnaire, celui qui met notre peur de souffrir au premier plan de tout élan.


Ce choix là nous coupe de nos sens, préférant l’anesthésie et le « confort » d’un cœur à l’électroencéphalogramme quasi plat, pour éviter toute forme de douleur, qui est pourtant le propre de la vie.

Pensez un instant à la naissance d’un être vivant, qui est l’incarnation même de la vie : c’est un torrent d’amour et de beauté, qui s’accompagne aussi de douleur.


Que l’on se comprenne : je ne dénigre pas la sécurité, ni la raison. Et je ne les sépare pas non plus du cœur. Il est tout à fait possible de se sentir en sécurité dans une relation à cœur ouvert. Il suffit pour cela, de se sentir en sécurité avec soi-même.


Bien sûr, il ne s’agit pas de juger qui que ce soit ici. C’est le droit de chacun de choisir ses relations et de se positionner, en conscience, riche des enseignements du passé, ou en inconscience, encore dirigé par les peurs et les blessures non-entendues, non-comprises, non-guéries, ou même à mi-chemin entre les deux. Tous les chemins sont valables et il n’y en a pas un qui est mieux que l’autre. Se protéger de l’amour n’est qu’une autre expérience pour faire connaissance avec soi et la vie.


Mais si l’on est prêt à sortir de la position de victime qui a pris les coups, à reconnaitre ses responsabilités et sa co-création dans les expériences douloureuses vécues, on peut observer que grâce à elles, on se connaît mieux. On connaît mieux les couleurs. On sait mieux ce que l’on veut, et ce que l’on ne veut pas.

Cette connaissance s’affine au fur et à mesure de chaque relation, nous permettant de choisir non pas la sécurité mais la justesse. Ce qui fait sens pour soi, la cohérence avec son cœur sa raison, ses besoins ses envies et ses apprentissages.


Alors… osez-vous déshabiller pour l’amour. Et si c’est l’hiver, et que vous préférez garder votre écharpe et vos moufles, sachez qu’un jour prochain, le printemps refleurira et vous dévêtira de la plus belle des manières.


© Carole Richter




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